Ouvrir un tiers-lieu d’activité dans un quartier prioritaire de la politique de la ville n’est pas un choix neutre. Car si faire venir des travailleurs de tous les horizons professionnels est une chose, faire découvrir et adhérer les habitants au concept du tiers-lieu en est une autre. C’est le défi que se lance Le Patio pour sa deuxième année d’exercice.
Le concept des tiers-lieux, ces « nouveaux lieux du lien social »comme les définit l’ANCT, repose sur l’implication d’un collectif citoyen engagé qui, grâce à la mutualisation des compétences et l’hybridation des activités, favorise la coopération. Les tiers-lieux sont des espaces dédiés au « faire ensemble » qui se construisent selon les spécificités du territoire et selon les besoins des individus qui s’y retrouvent.
À Villefontaine, Le Patio est un tiers-lieu centré sur l’emploi, l’entrepreneuriat et la formation. Il propose depuis septembre 2021 la location d’espaces de travail adaptés et flexibles, tout en encourageant l’émergence de projets collaboratifs grâce à l’organisation de rencontres professionnelles et d’animations conviviales. Acteur phare du développement économique du territoire, Le Patio ambitionne d’inclure davantage les habitants du quartier aux évènements du tiers-lieu et in fine de les inciter à rejoindre la communauté déjà constituée. Mais étant situé en QPV, et qui plus est étiqueté par les habitants comme un acteur de l’insertion (de par son appartenance au Groupe Osez1), cet objectif n’est pas une mince affaire.
Acculturer les habitants des quartiers à la dynamique des tiers-lieux
Des échanges avec le conseil citoyen de Saint-Bonnet ont permis d’esquisser des pistes. L’idée est d’être repéré par les habitants du quartier comme un espace ressource sur la formation, l’emploi et l’entrepreneuriat où ils s’informeraient et apprendraient de nouvelles chose pour ensuite leur donner envie de s’y impliquer davantage. Ainsi, des évènements (type afterwork) pourraient être organisés avec des partenaires locaux sur des thématiques comme « L’accès aux droits à l’ère du tout numérique » ou encore « Se former en 2023 » pour y voir plus clair dans les parcours de formation continue dans un contexte du boom des arnaques à la formation et au CPF. Une autre piste, en cours de réflexion, porterait sur le développement d’interactions entre des coworkeurs volontaires et un collectif de femmes qui se réunit chaque semaine dans les locaux du Patio au titre de leur accompagnement socio-professionnel par le Groupe Osez.
Atelier collectif d’art·isans ancré sur le quartier
« Collectif d’artistes et d’artisans recherche lieu en milieu urbain pour y développer un projet original de coworking », ainsi pourrait-on résumer le projet du Village. Cette initiative viennoise est singulière de par sa volonté de s’inscrire dans un écosystème local et de contribuer au développement territorial.
C’est l’histoire d’une dizaine d’artisans et d’artistes de disciplines différentes qui décident de se regrouper en association pour donner vie à un projet d’artisanat partagé. Le concept consiste à héberger dans un lieu unique différentes activités artisanales, avec des espaces individuels (ateliers, salles de stockage, …) et des parties collectives. Si les avantages économiques ne sont pas négligeables (mutualisation des coûts et des moyens), ce ne sont cependant pas les seuls attraits du projet. Un hébergeur commun de type coworking est en effet propice au partage des savoir-faire artisanaux, aux collaborations et à l’émulation collective permettant de stimuler la créativité.
Un lieu de création qui rayonne sur son territoire
Cette dynamique collective d’entrepreneurs revêt par ailleurs une dimension sociale et humaine impliquant une localisation en zone urbaine à proximité d’habitations, et non en zone d’activité économique. En effet, Le Village, avec ses parties communes, se veut être un lieu ponctuellement ouvert aux habitants du territoire. L’idée est d’en faire un lieu de passage et de rencontre avec l’organisation d’évènements conviviaux, d’expositions, de stages… Autant d’occasions – à imaginer en étroite collaboration avec les acteurs locaux – qui contribueraient à rendre leurs lettres de noblesse aux métiers de la création et promouvoir les savoir-faire manuels. Une telle visibilité locale de l’artisanat serait même susceptible de favoriser l’émergence de vocations.
Le Village est une initiative qui ne demande qu’à éclore. Reste à trouver un bâti en phase avec le projet et qui réponde à ces exigences techniques (1000 m2, de plain-pied, où l’éclairage naturel est favorisé…). Pourquoi pas en géographie prioritaire de la politique de la ville, ou à proximité ? Une ancienne usine du quartier d’Estressin, vestige de l’essor industriel viennois du 19e siècle, pourrait être celui-ci…
L’accès à l’emploi ou à une formation n’est pas toujours un projet mobilisateur pour les jeunes. Confrontée à cette problématique, l’équipe de la mission locale Faucigny Mont-Blanc a réfléchi à une autre source de motivation leur permettant in fine de trouver leur voie professionnelle. Et quoi de plus attrayant que de partir de leurs rêves ou envies profondes ?
Depuis 2017, la mission locale propose un parcours d’accompagnement à la création d’activité avec une étape d’émergence du projet renforcée : c’est le Groupement de créateurs (1). L’objectif n’est pas tant de pousser les jeunes à créer leur activité que de s’appuyer sur une idée qui les anime pour les (re)mettre en action vers l’insertion professionnelle.
À partir d’une réflexion conjointe, il s’agit de faire d’un rêve un projet et œuvrer pour qu’il devienne une réalité. Cette démarche progressive a pour socle fondateur la connaissance de soi. Vient ensuite l’étape de l’esquisse du projet puis celle de la connaissance de son environnement. Enfin, le jeune est amené à réfléchir à l’adéquation entre son projet, son environnement et son identité. C’est lui qui dicte le rythme de l’accompagnement, à partir des évolutions successives de son projet et de sa situation de vie.
L’impact de cet accompagnement individuel est décuplé lorsque le jeune a ensuite la possibilité d’intégrer le diplôme universitaire entrepreneur TPE (très petite entreprise). Sur le territoire du Grand Genève, cette formation de 6 mois a été lancée à titre expérimental de janvier à juillet 2021 (2). Elle est le fruit du partenariat entre la mission locale, l’université Savoie-Mont-Blanc et Faucigny Mont-Blanc développement. Pour l’occasion, un collectif d’une douzaine de jeunes a été constitué à partir de volontaires passés par le Groupement de créateurs. Au programme :
des enseignements collectifs très opérationnels (gestion d’une entreprise, élaboration de business plan, communication…) ;
des stages ;
une mise en réseau avec des financeurs potentiels et d’autres partenaires économiques.
En plus de l’obtention d’un diplôme de niveau bac, les jeunes ressortent métamorphosés de cette expérience intense. Fin 2021, la plupart des diplômés sont sur le point de créer leur activité et deux ont créé leur entreprise. La mission locale poursuit ses recherches pour financer une deuxième promotion du DU.
Muscler son projet entrepreneurial de manière immersive
Quel lien
feriez-vous entre un programme d’entraînement physique de l’armée américaine (le
Boot camp) et l’entrepreneuriat dans les
quartiers populaires ? A priori,
aucun… sauf pour deux acteurs associatifs du Genevois français !
Pangloss Lab et Innovales se sont inspirés de cette méthode pour imaginer un accompagnement d’une semaine, créatif et immersif à la création d’activités à destination de personnes éloignées de l’emploi.
Cet accompagnement innovant, visant à passer de l’idée au projet d’entreprise, a été proposé aux habitants des quartiers prioritaires de Ferney Voltaire et Saint-Genis-Pouilly. L’expérimentation a eu lieu en 2018 dans le cadre du contrat de ville du pays de Gex.
Selon les initiateurs, l’entrepreneuriat peut être un vecteur d’intégration et d’accomplissement fort pour des personnes éloignées de l’emploi. Cependant, il peut aussi conduire à des situations de grande précarité quand il n’est pas assis sur des bases solides. Avec le Bootcamp, les porteurs de projet bénéficient d’un accompagnement soutenu sur un temps très court. Durant une semaine, ils abordent plusieurs étapes :
définir son projet en fonction de ses compétences,
réfléchir de manière créative à son projet,
concevoir un prototype du projet et tester ainsi son étude de marché de manière dynamique et itérative,
réaliser ses premières projections financières, pour sécuriser son modèle économique.
Neuf personnes ont suivi la première édition du Bootcamp. Ce fut l’occasion de confirmer leur projet de création pour certains, ou de l’abandonner pour d’autres. Dans tous les cas, l’accompagnement a permis de remobiliser les personnes dans leur recherche d’emploi.
En 2020, le Bootcamp évolue avec l’intégration en amont d’un travail sur l’estime de soi et une phase de remobilisation par le sport. L’idée est d’en faire un accompagnement systémique, un parcours complet pour reprendre pied dans le monde du travail.
En Haute-Savoie, la Ville de Saint-Julien-en-Genevois mène une politique jeunesse qui s’appuie sur l’intelligence collective et l’innovation. Son objectif est d’amener les jeunes à prendre conscience de leurs capacités d’action et de leur redonner du pouvoir sur leur vie.
La première étape en 2018 – 2019 : une formation Imp!act co-organisée avec l’association genevoise Euforia auprès d’un groupe de jeunes. Puis en 2020, l’envie de poursuivre ce cheminement a conduit à la création d’une pépinière de projets : Incub’Action.
En 2021, la Ville poursuit sa démarche en imaginant avec les jeunes un lieu d’accueil, autogéré pour partie par eux, où ils pourraient développer des actions citoyennes. Ce tiers-lieu dédié à la jeunesse pourrait également proposer une offre de services en réponse à leurs besoins : accompagnement social, démarches administratives, accès aux loisirs, espace de travail et d’échanges, cyber-café, réseau d’échanges.
Les objectifs sont principalement de :
Développer le pouvoir d’agir des jeunes !
Impulser une dynamique entre jeunes et territoire bénéfique à tous !
Accompagner les jeunes vers l’autonomie et l’émancipation !
Veiller à ce que ce projet soit construit par les jeunes en lien avec les acteurs locaux
Le service jeunesse se positionne comme un facilitateur autour du projet grâce à la mise en place d’une méthodologie participative pour construire ce lieu au plus près des besoins des jeunes. À partir de septembre 2021, des ateliers vont être organisés pour mieux appréhender les envies de chacun. En parallèle, les acteurs du territoire sont fortement associés à la dynamique du projet, dans l’optique pour certains de s’installer dans les locaux du futur lieu « le lien A. venir », au côté de l’équipe du Service jeunesse. Sont déjà pressentis une Mission Locale et un FabLab !
Crise sanitaire oblige : le 18 janvier 2022, c’est finalement en visioconférence qu’une trentaine de personnes a participé aux CaféLaboQUARTIERS du Grand Genève. Lors de cette rencontre, les participants ont pu découvrir et échanger autour de 5 initiatives portant sur l’entrepreneuriat des jeunes des quartiers et l’insertion professionnelle des femmes, en Haute-Savoie et en Suisse. Cette matinée fut l’occasion d’échanges constructifs, de partages d’idées et de contacts. Pari réussi pour cette édition spéciale !
Démocratiser l’esprit d’entreprendre dans les quartiers
Sensibiliser à l’entrepreneuriat sur les territoires politique de la ville, détecter les porteurs d’idées de création d’entreprise et les accompagner: c’est l’objectif du service d’amorçage de projet « Parcours Créateur », développé en 2011 par la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Graines de SOL.
Sollicitée par les mairies de Givors et Grigny, Graines de Sol a développé ce service d’aide à la création d’entreprise, en continuité du dispositif CitésLab de la Caisse des dépôts et de consignation.
Ce service propose un accueil gratuit et personnalisé pour :
Obtenir des informations sur les étapes de la création d’entreprise et les aides à l’appui.
Clarifier et formaliser son idée, commencer à poser un plan d’action
Bénéficier d’un accompagnement renforcé des porteurs de projet avec des outils adaptés.
Être orienté vers des partenaires de la création (diagnostic technique, le montage, le test, le financement) ou des partenaires de l’insertion (formation, aides financières).
Faire le choix de poursuivre leur projet ou de l’interrompre, le reporter ou le modifier.
Des entretiens individuels et des ateliers collectifs sont proposés aux porteurs de projet pour avancer sur leur projet et aborder les différentes étapes de la création. Cet accompagnement se fait en lien avec les acteurs locaux et en faisant intervenir les partenaires spécialistes du territoire. « La semaine du micro-entrepreneur » ou « 3 jours pour devenir commerçant » sont des exemples d’ateliers.
Par ailleurs des informations collectives sont régulièrement organisées avec le Pôle emploi et dans le cadre de la Garantie jeunes avec la Mission locale, ainsi que des actions hors les murs dans les quartiers politique de la ville. Ces actions de sensibilisation permettent de faire connaître le service « Parcours Créateur » au public, aux partenaires et aux prescripteurs.
Depuis la création du service d’amorçage de projet en 2011, ce sont 1 202 personnes qui ont pu être accompagnées individuellement et plus de 2 000 personnes sensibilisées à l’entrepreneuriat sur le territoire.
Comment une commune peut-elle agir pour redynamiser le commerce dans un quartier prioritaire ? Réponse avec la ville de Saint-Chamond dans la Loire, qui revient dans ce reportage sur ses axes d’intervention pour développer économiquement le quartier « centre-ville » et qui présente l’expérimentation « Ma boutique à l’essai ». Retrouvez également dans cette vidéo le point de vue du commerçant, partenaire de l’opération.
Le 5ème CaféLaboQUARTIERS s’est déroulé le 30 janvier 2018 à Cusset, dans l’Allier, en collaboration avec Vichy Communauté.
Plus de 50 participants de l’Allier, du Cantal, de la Loire, du Puy-de-Dôme étaient réunis au Kube Center (espace de coworking) pour parler innovation économique et sociale dans les quartiers.
Techniciens et élus de collectivités locales, représentants des services de l’État, chefs d’entreprises, experts du numérique, conseillers citoyens, consultants, accompagnateurs de la création d’activité, acteurs associatifs ont pu découvrir et discuter autour de 6 initiatives pour faciliter l’accès à l’emploi et favoriser l’esprit d’entreprendre dans les quartiers.
Merci à Aformac, Actypôle-Thiers et la ville de Thiers, la mission locale de Moulins, les CIDFF 03 et 63, Nov’events, le médiateur de quartier de Cusset, d’avoir joué le jeu. Merci également à tous les participants pour leurs apports.
Ils nous ont dit : » on repart avec… #de nouveaux contacts #des nouvelles perspectives #des exemples permettant de se dire que c’est possible #des informations, des idées pour faire évoluer notre projet #l’envie de poursuivre #des outils d’animation pour nos territoires
Découvrez ici quelques photos en souvenir de cette rencontre…
Une rencontre Labo Cités
50 professionnels ont échangés dans une ambiance conviviale
Les CIDFF 63 et 03 ont présenté leurs Maisons digitales
Autour de la Grande école du numérique de Vichy
Le Groupement des créateurs de la mission locale de Moulins
50 professionnels réunis pour ce CaféLaboQUARTIERS
Le médiateur social de Cusset a présenté sa démarche en faveur de l’emploi des habitants