Le numérique doit être considéré par les acteurs de la politique de la ville comme un atout pour le développement économique des quartiers. C’est le message défendu par Marion Pollier, chargée de mission à Labo Cités.
Le numérique, en tant que filière économique, pèse 5% du PIB national. Et de par ses impacts profonds dans tous des secteurs de notre économie, le numérique constitue un formidable gisement de croissance et de compétitivité. Dans ce contexte, pourquoi le numérique ne serait-il pas une opportunité pour le développement économique des quartiers en politique de la ville ?
Des emplois accessibles aux jeunes des quartiers
L’emploi dans le secteur du numérique se caractérise par un très fort dynamisme et potentiel. Selon Pôle emploi, il a crû plus fortement entre 2009 et 2014 que l’emploi tous secteurs confondus (+2,6% contre +0,6%) . Nombreux sont les acteurs de la politique de la ville qui pensent que ces postes sont inaccessibles aux jeunes des quartiers, car requérant un haut niveau de qualification. Or, cette idée est erronée :
- Plusieurs formations de développeur web et d’applications sont ouvertes prioritairement aux jeunes issus des quartiers, sortis du système scolaire sans qualification. Seule exigence: avoir des compétences, ou du moins une appétence, et une forte motivation pour travailler dans le numérique. Ces formations sont reconnues et encouragées par l’État avec le label Grande école du numérique. En 2016, on en comptait 13 en Auvergne-Rhône-Alpes, dont Simplon à Villeurbanne, la Web@cadémie à Lyon ou encore DesignTech Académie à Saint-Étienne.
- Contrairement aux idées reçues, tous les métiers du numérique n’exigent pas d’avoir bac+3 ou bac+5. Les missions locales du Rhône, dans leur Diagnostic socio-économique de branche (sur le secteur du numérique), ont identifié 8 métiers adaptés aux qualifications des jeunes qu’elles suivent et à leur demande.
L’enjeu aujourd’hui est de porter ces métiers -et les formations qui y mènent- à la connaissance des jeunes, mais aussi des acteurs de l’insertion et de l’emploi.
Le numérique: boosteur des entreprises des quartiers
La maîtrise des outils numériques est désormais indispensable à n’importe quel entrepreneur, que ce soit pour gérer son activité, la développer ou améliorer ses performances économiques et financières. Les pouvoirs publics accompagnent les commerçants, artisans, ou encore dirigeants de très petites entreprises (TPE) dans la transition numérique de leur activité. À ce titre, les chambres consulaires (CCI, CMA), les conseils régionaux ou encore l’Union européenne proposent un large panel de formations courtes.
Pour les entrepreneurs des quartiers, cet enjeu de formation aux outils numériques est exacerbé. D’après les acteurs de l’accompagnement à la création d’activité, ces publics ont tendance à moins recourir aux services et ressources qui leur sont proposés, comparativement aux autres entrepreneurs. L’enjeu de formation est insuffisamment perçu par les acteurs de la politique de la ville. L’initiative du CitésLab du Grand Lac (en Savoie), présentée dans le recueil d’expériences du CR•DSU Numérique et innovation sociale dans les quartiers, est à ce titre remarquable car faisant figure d’exception.
Il appartient à la politique de la ville de s’emparer de cet enjeu si l’on veut, a minima, éviter d’accroître la liste des inégalités de développement que subissent les quartiers. Mais surtout pour que le numérique devienne une force au bénéfice du développement des entreprises des quartiers.
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Article extrait du n°64 des cahiers du Développement Social Urbain – Deuxième semestres 2016
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