SAS mobilisation vers l’emploi

Lever les freins à l’emploi des femmes

Acteur reconnu de l’insertion professionnelle dans la Vallée de l’Arve (Haute-Savoie), Alvéole a répondu à la sollicitation de la Ville de Scionzier pour expérimenter fin 2019 un accompagnement collectif vers l’emploi.
Le dispositif a été imaginé pour un groupe constitué de stagiaires des ateliers sociolinguistiques (ASL) de la Ville. Parmi la douzaine de personnes ayant pris part à l’expérimentation, les femmes du Crozet -quartier populaire de la commune- étaient majoritaires.

Tout est parti d’un double constat. D’un côté, nombre d’entreprises locales doivent faire face à une pénurie de candidats quand, d’un autre côté, de nombreuses personnes (en particulier des femmes issues de l’immigration résidant en quartier populaire) peinent à s’inscrire dans une démarche d’insertion professionnelle. Le SAS mobilisation vers l’emploi a pour objectif de travailler, trois mois durant, à lever les multiples freins à l’emploi que rencontrent ces femmes :

  • non-maîtrise de la langue française,
  • problématique de garde d’enfants en bas âge,
  • méconnaissance du monde du travail,
  • difficultés liées à la mobilité,
  • faibles qualifications ou non-reconnues en France,
  • freins d’ordre culturel.

Le dispositif se déroule en deux temps. Le premier combine entretiens individuels et ateliers collectifs. Le second est celui des stages en entreprises. Le premier temps est l’occasion de :

  • reprendre confiance en soi,
  • identifier ses compétences,
  • créer ou améliorer son CV,
  • découvrir des métiers porteurs d’emplois,
  • trouver des solutions de mobilité et de garde d’enfants…

Les stages (3 fois une semaine) leur permettent de se confronter à la réalité du monde du travail et de tester leurs intérêts et capacités pour les métiers préalablement identifiés. Fin 2019, elles ont testé des métiers de l’industrie, de l’aide à domicile, du commerce, du bâtiment et de la couture.

Le bilan de l’expérimentation est positif. La constitution d’un groupe homogène associée au rythme et au contenu du SAS ont contribué à l’émergence d’une émulation collective stimulante pour les bénéficiaires. L’implication de diverses entreprises locales a également joué en faveur du nombre très satisfaisant de sorties positives (embauches, formations).
Fort du succès de cette première expérimentation, les acteurs locaux (dont Pôle emploi, principal financeur) ont décidé de renouveler ce SAS collectif à l’automne 2020.

2021 : Malgré la pandémie, la consécration

La crise sanitaire de la Covid-19 a-t-elle impacté le dispositif SAS mobilisation vers l’emploi ?
Malgré les incertitudes et les aléas de 2020, un groupe d’une douzaine de personnes a pu être constitué et le SAS maintenu. Toutefois, le contexte économique et sanitaire a pesé sur la réalisation des stages. Notre réseau d’entreprises a été particulièrement difficile à mobiliser. De plus, aucun stage n’a pu avoir lieu en Ehpad ou dans le secteur de l’aide à domicile.

Qu’en est-il des femmes que vous avez accompagnées ?
Ce deuxième groupe était composé à 90% de femmes habitant le quartier du Crozet. Toutes étaient très investies et l’émulation collective en faveur de l’insertion professionnelle était cette année encore, au rendez-vous. D’ailleurs, la majorité d’entre elles ont trouvé un emploi à l’issue de l’accompagnement.

Quelles évolutions à venir pour le SAS mobilisation vers l’emploi ?
En 2021, nous avons réalisé le bilan des deux années d’expérimentation. Il en ressort que le dispositif constitue un bon tremplin de retour à l’emploi pour des personnes considérées comme « inemployables en l’état ». Cette réussite a mis au centre des échanges avec les décideurs la question de l’extension du dispositif sur le territoire. Sur ce point, il est important de comprendre qu’un tel accompagnement (renforcé, intensif) ne peut devenir la norme. Il a été pensé pour un profil spécifique de personnes, et pour être mis en place par un type de structure, au regard de son organisation, de ses moyens et ressources. Aussi, le SAS mobilisation vers l’emploi, tel qu’il existe actuellement, ne peut pas être déployé de manière exponentielle, quand bien même il y aurait un élargissement du cercle des financeurs. Un essaimage nécessiterait d’inventer une configuration différente.

Contact : Françoise Michel-Gay, chargée de projet – projet-pf@alveole.fr